Métamorphose d'une métaphore et Métaphore d'une métamorphose...
De l'épaisseur grasse et maladroite de son corps boursouflé par l'ingestion constante et maladive de la moindre feuille morte, du moindre fruit gâté de l'intérieur, de la moindre carcasse sans vie laissée à l'abandon; la chenille a tissé de soi fragile un monde hermaphrodite de belles plantes, un monde arc-en-ciel, un monde dont elle se sent monstrueusement éloignée, elle qui déjà a de plus en plus de mal à se mouvoir.
Elle s'arrête, s'accroche à une lueur d'espoir, une petite parcelle de vie miraculée, et s'enferme avec ses rêves multicolores de belles plantes dans une chrysalide de tristesse, de mensonges et d'illusions. Cet isolement à la fois contraint, nécessaire et pourtant bien involontaire, la plonge alors dans une léthargie profonde. Ne lui restent que ses rêves et ses illusions pour seules nourriture et occupation solitaire. Aux plus sombres heures, se sont elles qui la motivent à rester, à ne pas céder, et se sont encore elles qui la poussent, un jour, à vouloir sortir et qui l'aident à trouver la force nécessaire pour s'extirper de sa prison de Soi.
Aux premières lueurs de l'aube, la chenille devenue papillon, révèle son éclat aux couleurs arc-en-ciel. Gracieuse et légère, elle déploie son tout nouvel habit de lumière et l'offre à la vue du soleil qui n'en perd pas une miette. Une fée qui passait par là, admira se spectacle et lui offrit une délicate poussière pailletée. la Dame, fin prête et défroissée s'envole alors à la nuit tombée. La poussière de fée reflète les rayons de la lune sur ses ailes délicates et toutes les plus belles fleurs s'ouvrent sur sont passage, leurées par cet éclat, lui offrant leur doux nectar et de la rosée fraîchement tombée.
L'éphémère Beauté est parti papillonner avant de, un jour, s'en aller...
Ségolenn