LUNA : LE DEUIL

Drôle de vie qu'est celle de Luna aujourd'hui, célibataire depuis un mois, elle grossit à vue d'œil, elle change, elle essaye de remplir ce vide qu' Elle lui a laissé, comme un seau percé...

La douleur a marqué son visage et la rancœur son comportement et ses paroles. Ces dernières semaines ont été dures. Elle n'a tout d'abord pas compris ce qui lui arrivait laissant peu à peu le sol se dérober sous elle pour enfin tomber au fond d'un abîme de tristesse et de noirceur; abîme qu'elle a fini par inonder de ses larmes jusqu'à s'y noyer.
Pour refaire surface, il a fallu qu'elle se batte contre elle-même et surtout contre son ex-compagne. Quelle horrible préposition: "ex", ces deux lettres la torturaient à chaque fois qu'elle devait les prononcer et pire à chaque fois qu'elle oubliait de les prononcer...

Sur ce champ de bataille ou tous les coups semblent permis, la colère s'empare peu à peu de Luna et avec elle la rancœur et les idées les plus noires et perfides qu'elle se sait incapable de mettre en œuvre. Alors, elle s'en veut. Elle s'en veut de ne pas hurler, de ne pas frapper, de ne pas savoir faire mal...
Pourtant, elle sait où sont les plaies encore ouvertes, où mettre le doigt et appuyer pour provoquer à son tour douleurs et lentes souffrances. Mais elle n'en fera rien, elle subit sans mot dire, sans maudire. Elle est consciente de la piètre image qu'elle donne, mais ne s'abaissera pas à répliquer.

La prochaine étape à franchir pour arriver un jour à tourner la page est la confrontation : passage obligé... Elle est prête. Elle attend le dos tourné pour ne pas La voir arriver, pour ne pas risquer de se liquéfier en l'apercevant à 50m, le face-à-face sera direct ou ne sera pas.
Il fut... Il fut poignant, il fut écœurant, il fut hypocrite, il fut d'une banalité affligeante, il fut faux, il fut... Il fut et c'est déjà ça! Elle avait tenu, elle s'était maîtrisée, elle avait réussi à ne pas succomber aux faiblesses de son corps et était reparti la tête haute, mais le cœur meurtri. Elle aurait souhaité qu'il se soit atrophié avec le temps et les déceptions, mais au contraire, à l'image du reste de son corps, son cœur ne faisait que grossir, et plus il était gros, plus il était vulnérable.

Il ne lui restait plus que l'acceptation... Prochaine étape de ce deuil. Accepter de s'être trompée, de n'avoir pas su voir, de n'avoir pas su comprendre, de ne pas s'être retenue, de ne pas s'être protégé... Accepter de ne plus être...

Ségolenn