DELIRIUM (4)

C'est peut-être toujours aussi décousu et incompréhensible, mais voilà le Chat-Pitre 3ème de Délirium...

Il me reste du temps avant l’arrivée de S. ce soir. Je rentre dans une échoppe, type « Bazard », extrêmement petite, mais très haute de plafond. Il fait tellement sombre que j’ai besoin d’un temps d’adaptation pour distinguer les articles exposés. Du plafond pendent des centaines d’objets divers et variés, les murs sont recouverts, dans des présentoirs et des bacs s’entassent des dizaines des paires de chaussons, gants, etc. En plus d’être petit, glauque et sombre, le magasin est blindé d’hommes qui s’entassent, se bousculent et crient.

J’avais besoin de vêtements chauds, très chauds. Les températures très douces du moment ne m’aident pas trop à rester discrète mais j’avais trouvé une feinte. J’avais organisé une diversion avec l’aide de M., le meilleur ami de S.; M. n’avait pas compris qu’il s’agissait d’une mascarade, mais je le lui avais demandé d’organiser, à moi et S., un séjour dans la montagne pour skier, avec un départ différé pour moi prétextant une dernière journée de boulot ici ( pour qu’il ne s’inquiète pas d’être seul dans le train). Si on me demandait pourquoi j’achetais des gants, des manteaux, des écharpes en 3 exemplaires, je pouvais facilement prétexter que nous prenions des vacances avec un ami.

J’ai peur, malgré mais « bonnes excuses » biens préparées, je crains que quelqu’un soit trop curieux. Les hommes dans la boutique me regardent bizarrement, j’essaye de ne pas y prêter attention, je dois absolument tout prendre ce soir, le départ est imminent et je dois tout prévoir pour deux ; N. ne peut pas prendre le risque de faire ces préparatifs chez elle avec son mari.

Je fais au plus vite, tellement j’ai peur, et je me dépêche de rentrer, les bras chargés de paquets.

Ségolenn