The secrets of our lives
Je suis souvent effarée de voir à quel point nos cerveaux peuvent développer des trésors d'imagination lorsqu'il s'agit d'inventer des stratagèmes pour cacher notre "gay-life" au reste du monde.
En fait, je crois que je peux dire que ça m'amuse, d'entendre une telle présenter "sa meilleure amie", meilleure amie qui est présente à tous les repas de famille etc... Ou encore un tel présenter "son colocataire" en oubliant de préciser qu'ils co-louent le même lit...
Cacher sa "gay-life" sans mentir n'est pourtant pas chose si facile, au bureau par exemple, lorsque la collègue Martine raconte son dernier week-end romantique avec le Jules qu'elle à rencontré la semaine passée et qu'elle ponctue son récit par: " Et toi? Tu as quelqu'un je crois? Vous avez fais quoi ce week-end???" La parade de l' Unisexe commence alors: "Oui, oui je suis en couple depuis 3 ans maintenant ( je ne précise pas avec qui...). Bah, écoute Martine, nous sommes allez à la campagne, au bord de la mer, mon amie à pris des coups de soleil partout!!!!" ( re: parade de l'unisexe!!! Heureusement que le "e" ne se prononce pas...). Pour bien utiliser cette parade il vaut mieux avoir prévu un petit surnom passe-partout ou un diminutif qui laisserait sous-entendre que votre petit-e ami-e est de sexe opposé...
En famille par contre ça se corse un peu, parce que bien évidemment on a tou-te-s une mère, une sœur, qui connait notre emplois du temps quasiment par cœur, et qui ne manque pas de nous faire remarquer que nous ne sommes jamais chez nous, ni dispo les mercredis soir ( évidemment nous sommes aux réunions conviviales de notre centre LGBT préféré...!!!). La parade ici est plus compliquée, il faut s'inventer quelque chose de crédible mais pour laquelle personne n'aurait l'idée d'avoir envie de nous y accompagner, exemple: " C'est normal maman, c'est le soir où je vais au club des amis du cinéma croate sous-titré portugais ...!!!" ou encore " Tu sais, maman, je garde les 4 enfants de ma voisine, qui les élève seule et qui s'octroie un soir par semaine, elle a bien le droit à ça la pauvre!!!!".
Là où ça devient périlleux, c'est lorsque la meilleure amie de notre mère, nous rencontre à la sortie de notre bar homo fétiche, ou nous dit qu'elle est sûre et certaine de nous avoir vu à la GAYPRIDE... Première chose à faire c'est d'essayer de retrouver une couleur de peau normale et virer ce rouge cramoisi qui a envahi nos joues... Une fois nos esprits retrouvés, imaginer rapidement une échappatoire : " J'accompagnais un couple d'ami-e-s, ils/elles ont des soucis en ce moment, ils/elles veulent un enfant, tu imagines bien que ce n'est pas très facile pour eux/elles, alors j'ai voulu leur remonter le moral...". Enfin on change discrètement de conversation en parlant d'elle...
Enfin, tout ça n'a qu'un temps, le plus "simple" est quand même de faire son coming-out ... Je crois qu'on rigolera de tout ça dans quelques années, peut-être même qu'on regrettera ce temps...
Ségolenn